Le lapin de garenne est apparu en France à l’époque Romaine.
CLASSE : Mammifères
ORDRE : Lagomorphes
FAMILLE : Léporidés
GENRE : Oryctolagus
ESPÈCE : Cuniculus
DESCRIPTION DU LAPIN DE GARENNE
Le lapin de garenne est un petit mammifère au pelage gris-brun foncé sur le dos et les flancs et gris-blanc sur le ventre. Il mesure en moyenne 40cm et pèse entre 1.5 à 2kg à l’âge adulte. La taille de ses oreilles n’excède pas 7,5 cm et ses pattes postérieures sont plus courtes que chez le lièvre. Le mâle est appelé « bouquin », la femelle « lapine » et « lapereau » chez le jeune. Il vit généralement dans un terrier appelé « garenne » qu’il creuse et agrandit au cours des saisons. Le lapin de garenne affectionne aussi se reposer à l’abri dans la végétation au sein d’un « gîte ».
Sa vitesse de course peut atteindre 40 km/h sur de courtes distances. Il possède également de bonnes capacités pour bondir et pour sauter. Il peut aussi grimper dans des buissons voire même dans des arbres lors d’inondations. Le lapin de garenne possède une bonne vue latérale, ainsi qu’une ouïe et un odorat bien développés.
RÉGIME ALIMENTAIRE
Le lapin est un herbivore opportuniste avec toutefois une préférence pour les graminées comme le blé, l’orge, l’avoine et le ray-grass ainsi que les légumineuses. D’autres plantes constituent son alimentation, y compris des écorces d’arbres ou des semi-ligneux tels que la ronce, ajoncs ou bruyères.
Le métabolisme de ce petit lagomorphe est concerné par un phénomène proche de la rumination des bovins, appelée « caecotrophie ». C’est ainsi qu’il réingère directement à la sortie de l’anus des petites crottes particulières appelées « caecotrophes ».
REPRODUCTION
Après une gestation de 30 jours, la lapine met bas 3 à 5 lapereaux nus et aveugles dans une « rabouillère », entre 3 à 5 fois dans une année. Elle donne naissance à une vingtaine de jeunes en moyenne sur une année. Les jeunes ont alors une croissance rapide et sont sevrés au bout d’un mois. Cette forte productivité est compensée par une importante mortalité juvénile puisque seuls 5 à 6 jeunes parviennent à l’âge adulte. La distinction peut se faire jusqu’à l’âge de 7 mois par la palpation d’une patte avant. Cela permet de déceler une petite bosse de cartilage sur la face externe du cubitus.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
Le lapin de garenne est apparu en France à l’époque romaine où il fut introduit depuis la péninsule ibérique. Son développement s’est ensuite généralisé dans tout l’hexagone, hormis en montagne au-dessus de 800 m d’altitude et des grandes forêts de l’Est de la France. Il fut introduit depuis la France au Royaume-Uni au 18ᵉ siècle. C’est au cours du XIXᵉ siècle qu’eut lieu son importation en Australie.
ÉCOLOGIE ET HABITAT
Tantôt appelé « jeannot » ou « garenne », le lapin vit en groupes familiaux de 2 à 5 adultes accompagnés des jeunes de l’année au sein d’une garenne principale et de terriers plus petits que l’on appelle les garennes satellites. La proximité avec d’autres groupes familiaux constitue une colonie.
Pour marquer leur territoire, les lapins font des « grattis » et y imprègnent leur odeur, en particulier par des glandes anales et par l’urine. Le passage répété des lapins dans la végétation forment des « coulées » et des tas de crottes appelés « latrines » constituent aussi des indices de présence de l’espèce sur un territoire.
Le lapin vit sur un territoire de quelques hectares seulement en alternant entre la zone de nourrissage et la zone de refuge au cours de la journée. Son activité se situe principalement du couché au lever du soleil avec une prédominance nocturne. Il est cependant fréquent de l’observer en journée, au printemps et en été sur des prairies et des pelouses où le dérangement humain est faible.
ÉTAT SANITAIRE
Parmi les causes de régression des populations du lapin de garenne, les « maladies virales » sont identifiées depuis près de 70 ans maintenant. En effet, le virus de la myxomatose introduit en France depuis 1952, a conduit à une forte chute des effectifs à l’époque. Au début des années 80, le virus RHDV est apparu chez le lièvre, puis identifié en 1988 sous la forme RHD (ou VHD) chez le lapin. Pour autant, pendant près de 20 ans, ces maladies virales sont restées propres à chacune de ces deux espèces, permettant encore d’observer de belles populations de lapins, particulièrement en Vendée.
Cependant, depuis la dernière décennie, les choses se sont compliquées avec l’arrivée d’un nouveau virus, « le RHDV2 », infectant les deux espèces ! Cette nouvelle forme virale a ainsi supplanté le virus précédent rebaptisé « RHDV1 », qui n’est désormais que rarement détecté dans les analyses de cadavres. Certaines populations soumises à ces atteintes virales peuvent enregistrer des mortalités annuelles de l’ordre de 80-90 % chez les adultes et plus de 95 % chez les jeunes.
La coccidiose est une maladie parasitaire également bien connue chez le lapin. La multiplication des parasites microscopiques dans les cellules intestinales ou hépatiques est particulièrement grave chez les jeunes individus, et souvent mortelle.
ÉVOLUTION, TENDANCES ET STATUT DE CONSERVATION
Nous ne pouvons que malheureusement constater que les effectifs du lapin de garenne ne cessent de décroitre depuis plus de 40 ans en France métropolitaine. Si les différentes maladies sont effectivement des causes identifiées dans la chute des effectifs de ce petit lagomorphe, il ne faut pas non plus exclure les multiples dégradations paysagères et les pertes d’habitats qui se sont succédé depuis les premiers remembrements. Cette intensification agricole a fréquemment conduit à la suppression de haies, de bosquets et de talus favorables à l’espèce et au creusement des garennes.
Les populations de lapin ont ainsi été fragmentées, limitant les échanges entre les colonies, les rendant plus sensibles aux maladies virales. La mise en culture de nombreuses prairies a aussi réduit la tolérance pour ce gibier face aux dégâts commis sur certaines productions agricoles. À l’inverse, là où l’agriculture a régressée, voire disparue, le milieu s’est progressivement fermé et le lapin n’y trouve plus sa place.
La prédation joue également un rôle important dans la dynamique de population et particulièrement lorsque les densités ont déjà été affaiblies par d’autres facteurs ou lors d’opérations de repeuplement. Certaines études suggèrent que la prédation puisse être pour partie responsable du maintien des populations à un faible niveau suite à un brusque déclin provoqué par des épidémies. Le lapin figure parmi les principales proies de nombreux prédateurs tels que le renard, le putois, la fouine et la martre.
Les prélèvements par la chasse peuvent aussi être impactant et notamment lorsque les effectifs de lapins sont affaiblis par les facteurs déjà évoqués. L’utilisation du furet en début de reproduction (janvier-février) peut fortement affaiblir la population par le prélèvement d’adultes dominants.
Malgré une situation défavorable dans le statut de conservation du lapin de garenne, certains départements conservent la possibilité de le réguler toute l’année (sous certaines modalités) en le faisant figurer sur la liste des ESOD (espèce susceptible d’occasionner des dégâts). Fort heureusement, et au regard de l’affaiblissement de ses effectifs en Vendée, seul le statut d’espèce chassable lui est attribué.
Si les effectifs du lapin de garenne ne sont pas connus en France, le suivi des tableaux de chasse reste un bon indicateur sur la tendance d’évolution. On estime qu’avant l’arrivée de la myxomatose en 1952, le tableau de chasse national était de 50 millions d’individus ! Le prélèvement est passé alors à 13,5 millions en 1974-75, à 6,4 millions en 1983-84, puis à 3,2 millions en 1998-99.
La chute de ces valeurs a d’ailleurs conduit l’IUCN fin 2017 lors de l’actualisation de la liste rouge des mammifères terrestres, à classer le lapin de garenne comme « espèce quasi menacée ».
Depuis la saison de chasse 1993-1994, une enquête statistique auprès des chasseurs est en place pour connaitre l’évolution des prélèvements de chaque espèce. Elle confirme la chute brutale des tableaux de chasse avec une estimation de 377 000 lapins prélevés en 1993-1994 à 10 800 en 2019-2020.
Cette baisse globale s’est bien sûr traduite dans les tableaux de chasse individuels avec une moyenne de 17 lapins prélevés par chasseur en 1993-1994 à moins de 1 lapin en 2019-2020.
A l’occasion des comptages nocturnes (IKA lièvre) réalisés chaque année sur la majorité des communes, des indices d’abondance sur le lapin sont calculés et nous indiquent l’état des populations, leur évolution quantitative et géographique. En 1992-1993, l’indice moyen sur le département était de 7 lapins par kilomètre. Comme les prélèvements, ces indices ont fortement diminué notamment ces dernières années. On peut dire que l’espèce a quasiment disparu sur de nombreux territoires.
Face à ce constat, d’autres techniques de suivis seraient à développer localement pour assister les gestionnaires dans leurs efforts d’aménagement ou de repeuplement. La mise en place de circuits IKA spécifiques « lapin » ou des comptages par point (IPA) sont des pistes à imaginer pour concentrer le suivi sur les zones où l’espèce est présente. Le taux de reproduction annuel par l’analyse des tableaux de chasse (rapport jeune/adulte) par la collecte des cristallins (bien connu chez le lièvre) pourrait aussi nous éclairer dans la dynamique des populations de ce lagomorphe.
De nombreux travaux menés par l’OFB (ONCFS à l’époque) nous ont permis de tirer des enseignements sur cette espèce et notamment via des suivis par radiopistage post repeuplement. Une étude est actuellement conduite par l’OFB sur l’utilisation nocturne de l’espace pour identifier les facteurs conduisant à des dégâts aux cultures (distance aux garennes, sélection de l’habitat…) par suivi GPS. Un test du matériel GPS, utilisé pour la première fois sur des lapins, a été réalisé sur un territoire du Nord-ouest de La Vendée mais les résultats ne sont pas encore publiés.