La bécasse des bois est un limicole, elle se distingue de ce groupe par son habitat en bonne partie forestier.
CLASSE : Aves
ORDRE : Charadriformes
FAMILLE : Scolpopacidés
SOUS-FAMILLE : Scolopacinés
GENRE : Scolopax
ESPECE : rusticola
DESCRIPTION DE LA BÉCASSE DES BOIS
Il n’existe pas de sous-espèce de Scolopax rusticola. Huit espèces du genre Scolopax existe dans le monde (six espèces en Indonésie et au Japon, une espèce Scolopax minor l’Amérique du Nord).
La silhouette et le plumage de la Bécasse des bois sont caractéristiques. Sa morphologie est trapue, courte sur pattes, un long bec caractéristique, de la taille d’une Perdrix grise. Le plumage dorsal est dominé par les teintes noires, brunes et grises. La face ventrale et les flancs présentent une dominante gris beige avec des rayures transversales. Trois ou quatre barres transversales noires ornent l’arrière du crâne. Un bandeau noir relie la commissure du bec à l’œil. L’ensemble confère à l’oiseau une excellente homochromie avec l’habitat. Les yeux de la bécasse sont hauts-placés sur le crâne et permettent une vision circulaire sans mouvement de la tête.
Le poids moyen se situe entre 280 et 350 g, il évoluera en fonction du cycle annuel de l’espèce. C’est en décembre-janvier au cœur de l’hivernage que le poids est le plus élevé, à cette période les oiseaux qui avoisinent les 400 g ne sont pas rares.
La longueur moyenne du bec se situe aux environs de 70 mm. On parle de bécasse à bec court dites « Bréviroste » lorsque sa longueur est inférieure à 50 mm. Cette anomalie ne semble pas gêner les oiseaux dans leur activité alimentaire et se retrouve dans toutes les classes d’âge et de sexe.
La longueur totale d’une bécasse est de 270 mm à 310 mm pour une envergure de 600 à 660 mm.
RÉGIME ALIMENTAIRE
L’essentiel de son régime alimentaire est composé de proies animales, et majoritairement de lombriciens. D’autres invertébrés complètent sa nourriture : insectes adultes (coléoptères, forficules), larves de diptères et coléoptères, myriapodes (mille-pattes), crustacés (cloportes). La diversité alimentaire au printemps est un peu plus importante avec par exemple des petits escargots, des araignées, des chenilles.
REPRODUCTION
Dès leur deuxième année, les mâles et les femelles participent à la reproduction. Le début de la période de reproduction est marquée par les vols crépusculaires des mâles que l’on appelle la croûle. Ce terme provient des cris émis par les oiseaux à cette occasion, en particulier un « crou-crou » grave qui est à l’origine du nom, compléter par un « psitt » court et aigu.
En France, dès la fin février et début mars, il est possible d’observer les premiers mâles dans leurs vols crépusculaires, sachant que ce comportement peut s’observer pendant toute la période de migration prénuptiale. Lorsque que le printemps arrive, l’activité de croûle est plus intense en fonction de l’altitude (dès mars à moins de 500 m, d’avril à juillet aux environs de 1400 m) et la latitude.
En Europe centrale et en Russie européenne, les premières observations ont lieu fin mars – début avril, les dernières entre mi-juin et mi-juillet.
Comme chez la plupart des limicoles, la ponte comprend le plus souvent quatre œufs. En France, la période de nidification proprement dite s’étale de mars à juillet, avec une fréquence maximale de ponte du 1ᵉʳ œuf en mars. La bécasse est donc un nicheur précoce en Europe occidentale. Le décalage temporel lié à l’altitude et la latitude observée pour la croûle est également observé pour la ponte, les éclosions et l’élevage des jeunes. Par exemple, les premières pontes en Russie du Nord-Ouest sont notées mi-avril et les dernières dans la seconde moitié d’août.
Le nid est au sol, ce qui le rend exposé à la prédation, la période d’incubation est d’environ trois semaines, les poussins sont nidifuges. C’est la femelle seule qui assure l’élevage de ses jeunes. À peine vingt jours suffiront au bécasseau pour passer du stade duvet à un plumage capable de le porter en vol sur quelques dizaines de mètres. Cette croissance rapide est un atout pour sa survie. La dislocation de la nichée aurait lieu vers l’âge de 5-6 semaines. Selon diverses études, au maximum 30 % des nids et nichées seraient détruits. La réalisation d’une seconde ponte n’a jamais été prouvé. En revanche, les pontes de remplacement suite à la destruction de la première couvée sont avérées. La productivité de jeunes par femelle peut varier fortement d’une année sur l’autre en fonction de la prédation, mais surtout en fonction des conditions météorologiques. Une longue période froide et pluvieuse ou à l’inverse une sècheresse persistance peuvent impacter négativement l’accès à la nourriture et réduire les chances de survie.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
Scolopax rusticola, « notre » Bécasse des bois, occupe une vaste aire de répartition qui s’étend de l’extrême ouest européen à l’extrême est asiatique.
En Europe, il peut être distingué trois aires de répartition en fonction de son cycle d’activité :
- Une zone intermédiaire comprenant l’aire de reproduction et d’hivernage, la France avec les iles britanniques est au cœur de cette zone. La bécasse niche en France essentiellement dans le Bassin parisien, le quart Nord-Est et les régions montagneuses, elle ne niche pas en Vendée, en Bretagne.
- L’aire de reproduction au sens strict qui comprend principalement les pays d’Europe centrale, la Russie, la Biélorussie, les Pays Baltes, la Fennoscandie (Norvège, Suède, Finlande) ;
- L’aire d’hivernage au sens strict qui concerne les bordures Manche-Atlantique, d’Europe de l’Ouest, de la Méditerranée et le pourtour de la mer Noire.
ÉCOLOGIE ET HABITAT
La Bécasse des bois fréquente à la fois des milieux fermés (forêts, bois, taillis, haies, landes) et des milieux ouverts (prairies, cultures). En période de reproduction, la densité de bécasses nicheuses est liée positivement à l’étendue des massifs forestiers, en règle générale les forêts d’une superficie inférieure à 500 ha sont peu attractives. Pendant la reproduction, l’activité de l’espèce est quasi exclusivement forestière. Les milieux ouverts sont fréquentés la nuit durant les migrations et l’hivernage. À cette période, la majorité des oiseaux dispose d’une remise diurne à dominante boisée et d’une remise nocturne localisée dans les milieux ouverts située en moyenne à 1 km l’une de l’autre. Le vol correspondant à ce déplacement entre les deux remises s’appelle la passée, rappelons ici que la chasse de la Bécasse à la passée est interdite en France depuis 1963. Pendant l’hivernage, plusieurs remises diurnes et/ou nocturnes peuvent être exploitées, leur nombre varie selon les ressources alimentaires, les conditions climatiques, le dérangement et les individus. Les oiseaux sont fidèles à leur zone d’hivernage.
En période de migration et d’hivernage, les prairies riches en vers de terre sont particulièrement recherchées par l’espèce.
Hivernage
La période d’hivernage débute avec la fin des déplacements migratoires d’automne et se termine juste avant le début de la migration prénuptiale. L’hivernage s’étend donc de la mi-décembre à la mi-février tout en sachant qu’il y a des décalages en fonction de l’origine géographique des individus (certains peuvent commencer leur hivernage dès la mi-novembre). Durant ces trois mois, la majeure partie des populations de bécasses européennes est stabilisée. Toutefois, cette espèce est très sensible aux vagues de froid, dans ce cas ces conditions climatiques les forceront à quitter leurs remises hivernales.
En hivernage, la totalité des effectifs reproducteurs sont concentrés avec leurs jeunes, principalement sur les régions littorales Manche-Atlantique et méditerranéenne, ce qui les rend sensibles à tout bouleversement d’ordre écologique ou climatique.
Le rythme d’activité à cette période est centré sur la nuit, elles quittent le soir les milieux fermés (forêts, bois, bosquets, landes, haies) pour gagner les zones ouvertes aux alentours. Cependant, certaines études ont montré que ce mouvement n’était pas systématique, environ 85 % de la population de bécasses d’une forêt quitte la forêt chaque soir. Elle peut être active de jour comme nuit pour rechercher sa nourriture et ses activités de confort.
Une fois installée dans un massif forestier, la bécasse reste fidèle à son site pendant tout l’hivernage (en dehors des vagues de froid), elle y reviendra même les hivers suivants.
En revanche, à l’intérieur d’un même massif, elle est loin d’être aussi stable qu’on l’imagine avec des différences individuelles qui peuvent être importantes allant d’un oiseau qui aura toujours la même remise à celui qui alternera avec 4 ou 5 remises. Ces différents comportements étant en lien avec les ressources alimentaires.
Migration
La grande majorité de l’effectif de bécasses des bois est migratrice. Les bécasses migrent de nuit par petits groupes de quelques unités à une quinzaine d’individus. Lors de la migration postnuptiale (migration d’automne), une migration différentielle semble être la règle avec en générale l’ordre suivant : les jeunes femelles partent en premier, suivies des femelles adultes, des jeunes mâles puis en fin des mâles adultes. Au cours de la migration prénuptiale (migration de printemps) les mâles précèdent les femelles. Une bécasse peut parcourir aisément 400 à 600 kilomètres en une seule nuit. Comme pour beaucoup de migrateurs, le parcours migratoires est jalonnée d’étapes au cours desquelles les oiseaux reconstituent leurs réserves énergétiques. Ainsi la migration s’étale sur plusieurs semaines. L’importance des étendues prairiales riches en lombriciens est essentiel au parcours migratoires, les bécasses peuvent être fidèles à ces sites. La migration se fait sur un large front dans la mesure où elles peuvent se reposer dans des habitats très divers, elles ne suivent donc pas de voies migratoires précises.
La migration postnuptiale se déroule le plus souvent par vagues successives, en Russie le bécasses amorcent leur migration vers la mi-septembre, en France c’est en novembre que les passages sont les plus significatifs. Plus l’origine des bécasses est nordique et orientale, plus leur aire d’hivernage s’étend vers le sud. Nous retrouvons chez cette espèce des individus long, moyen et court migrateurs en fonction de leur région d’origine. Une partie des oiseaux est même sédentaire ; c’est le cas des oiseaux nés en Grande-Bretagne ou ceux nés en France dans les massifs forestiers du Bassin parisien.
Les conditions climatiques influent grandement le déroulement des migrations, les hivers doux retiendront un contingent important d’oiseaux dans les régions continentales alors qu’un froid précoce les poussera rapidement vers les régions atlantiques et méditerranéennes.
Au printemps la majorité des hivernants est en mouvement en mars, les plus précoces atteindront leur zone de reproduction au nord et à l’est de l’Europe début avril.
ÉVOLUTION, TENDANCES ET STATUT DE CONSERVATION DE LA BÉCASSE DES BOIS
La Bécasse des bois fascine les chasseurs depuis de nombreuses générations, ce n’est pas pour rien que les chasseurs passionnés par l’oiseau se sont structurés en associations en France et un peu partout à travers l’Europe.
L’intérêt porté à l’espèce a entrainé une forte mobilisation pour améliorer les connaissance en débouchant sur de nombreux programmes d’études dans le souci d’une gestion durable de l’espèce.
Les indicateurs de tendance démographique disponibles indiquent globalement une stabilité des effectifs. La Bécasse des bois n’est pas une espèce en danger.
Malgré tout l’habitat où l’espèce est présente évolue. Il se dégrade lorsque nous constatons la diminution drastique des surfaces en prairies permanentes. Il s’améliorent si on prend en compte l’augmentation des surfaces forestières en particuliers dans les zones de reproduction.
L’équilibre est précaire d’autant plus le dérèglement climatique pourrait avoir un impact important sur la Bécasse. L’évolution des températures avec par exemple une augmentation des températures en hiver peut lui être favorable en limitant la mortalité liée aux vagues de froid mais elle redistribue la répartition de l’espèce. Les sècheresses que nous connaissons de plus en plus régulièrement y compris en hiver peuvent impacter le taux d’humidité des sols, la bécasse y est sensible.
En fait, tous ces évènements climatiques de plus en plus extrêmes que ce soit sur les zones de reproduction, de haltes migratoires ou d’hivernage créent des déséquilibres dans les écosystèmes impactant nombre d’espèces.
L’ensemble de ces évolutions à venir doivent nous conduire à être de plus en plus impliqués et performants sur la connaissance des espèces, sur la dynamique des populations surtout pour la bécasse qui est largement exploitée par la chasse. Cette implication devra continuer d’être collective avec une mobilisation du chasseur individuellement en participant aux enquêtes et aux sollicitations d’études, avec les associations spécialisées qui doivent maintenir leurs engagements, et aux structures cynégétiques qui doivent jouer pleinement leurs rôles. Pour la Bécasse ce travail est fait depuis longtemps, c’est probablement pour cette raison que peut de choses sont actuellement remises en cause, il devra perdurer sur le long terme en s’adaptant aux nouveaux enjeux.