DESCRIPTION DU CANARD SOUCHET

Le Canard souchet (Spatula clypeata) est un canard barboteur que l’on retrouve principalement dans les zones humides, où il se nourrit d’un régime omnivore composé de végétaux et de petits invertébrés. Il niche au sol et son statut de conservation est classé « préoccupation mineure » (Low Concern). Ce canard mesure entre 43 et 56 cm de longueur, avec une envergure de 70 à 85 cm, et pèse entre 470 et 800 g. Il peut vivre jusqu’à 21 ans. Facilement reconnaissable à son large bec spatulé, il utilise cette particularité pour filtrer sa nourriture en surface.

RÉGIME ALIMENTAIRE

Le Canard souchet, comme la majorité des oiseaux d’eau, sélectionnerait de manière non aléatoire des habitats présentant des caractéristiques qui maximisent la diversité, l’abondance, la biomasse ainsi que l’accessibilité de sa ressource alimentaire. La morphologie de son bec, en forme de spatule et doté de nombreuses fines lamelles, élastiques et très serrées, i.e. 21,48 ± 2,41 lamelles/cm² est adaptée au tamisage. Il filtre la surface de l’eau afin de prélever sa ressource alimentaire. Cette particularité lui confère une niche alimentaire spécifique par rapport à d’autres espèces d’anatidés. Cependant, en raison de la forme hautement spécialisée de leur bec, les Canard souchet n’entrent probablement que très peu en compétition avec les autres espèces d’Anatidés pour la nourriture.

Le Canard souchet possède un régime alimentaire majoritairement composé de petits invertébrés d’eau douce et particulièrement de microcrustacés tels que les Cladocera et les Ostracoda. Les insectes comme les Coleoptera aquatiques, les Corixidae, les larves de Trichoptera, les larves d’Odonata et les petits mollusques peuvent également être des proies. Il s’alimente également de graines (Scirpus, Carex, Potamogeton) et d’une infime quantité de parties végétatives de plantes (Potamogeton, Ruppia) en fonction de la saison et de la localisation des individus. En effet, une différence dans le régime alimentaire des Canard souchet existe entre les populations de Camargue (France) et de Russie, ces dernières ayant une part plus importante de végétation aquatique dans leur alimentation. Il existe cependant des incertitudes quant au régime alimentaire du Canard souchet, notamment en période de halte migratoire et de reproduction.

REPRODUCTION

Migration prénuptiale

Le Canard souchet est considéré comme un « reproducteur sur revenu* ». Il est ainsi voué à faire de nombreuses haltes migratoires afin de rejoindre son site de reproduction dans les meilleures conditions. Ces diverses haltes migratoires lui permet de regagner la masse perdue durant le vol migratoire. Pour cette espèce et l’ensemble des « reproducteurs sur revenu », l’efficacité d’alimentation sur les sites durant les haltes migratoires est essentielle pour poursuivre la migration, et à un degré moins documenté, pour débuter la reproduction dans des conditions optimales. Différents travaux ont démontré le rôle crucial de ces haltes migratoires pour la survie des oiseaux bien qu’elles soient exploitées durant un pas de temps très court au cours du cycle annuel. Cependant, les habitats ainsi que les ressources alimentaires utilisés par les Canard souchet en haltes prénuptiales n’ont que peu été étudiés. Le nombre de haltes migratoires nécessaires est variable selon les espèces mais peut également varier entre individus.

Période de reproduction

En période de reproduction, les Canard souchet sont localisés dans les plans d’eau peu profonds des prairies des zones humides. Les individus reproducteurs favorisent les grandes surfaces en eau peu profonde (profondeur maximale de 1,5 m), eutrophes, avec au fond un sédiment meuble et présentant comme végétation aquatique principale les myriophylles (Myriophyllum sp.), les potamots (Potamogeton sp.) et les élodées (Elodea sp.). Le Canard souchet est apte à se reproduire dès l’âge d’un an et son espérance de vie a été estimée à 16,6 ans à partir des données issues du baguage. La formation de couples peut commencer dès la mi-décembre dans les zones d’hivernage et se poursuit jusqu’au départ des individus pour leurs zones de reproduction.

L’union entre le mâle et la femelle peut persister après l’éclosion. Les femelles peuvent commencer à chercher des sites de nidification appropriés dès 27 jours avant le début de la ponte. En général, 6 à 8 jours sont consacrés à la construction du nid et, les œufs sont ensuite pondus au rythme d’un par jour. Les femelles pondent en moyenne entre 8 et 10 œufs et la période d’incubation est d’environ 28 jours. Le mâle n’accompagne pas la femelle au nid mais il fait preuve d’un comportement de défense de sa partenaire. Les plans d’eau d’une superficie inférieure à 0,5 ha sont généralement utilisés par un seul couple de Canard souchet tandis que les plans d’eau d’une superficie comprises entre 0,5 et 0,8 ha sont généralement occupés par deux couples reproducteurs. Le mâle et la femelle se retrouvent lorsqu’elle s’éloigne du nid pour réaliser ses activités d’alimentation ou de confort (repos, toilettage). En fin d’incubation, la femelle est de plus en plus réticente à quitter le nid, même lorsqu’elle est dérangée et, elle y reste probablement jusqu’au dernier jour de l’incubation. A cette période, les domaines vitaux des couples sont en moyenne de 20 ha.

Il est possible que la forte tendance des Canard souchet à la dispersion soit influencée par leur corps de petite taille en comparaison à la plupart des autres espèces de canards de surface. Les Canard souchet doivent probablement « travailler plus » pour se nourrir et doivent être capables de chercher leur nourriture sur une plus grande surface que les autres canards de surface. Le mâle reste souvent avec la femelle et les jeunes pendant une courte période après l’éclosion mais, il n’est pas connu pour participer aux soins de la couvée. Les jeunes Canard souchet prendront leur envol environ 50 jours après l’éclosion. En période de reproduction, environ 62 % des femelles donneront naissance à des nichées, en tenant compte des pontes de recoquetage.

Le Canard souchet est soumis à la prédation aviaire et terrestre. Les taux de mortalité après l’envol ne sont pas encore bien établis. Cependant, sur un échantillon pluriannuel de femelles immatures en Europe, des scientifiques ont estimé un taux de survie de 38 %. Les adultes sont également sujet à un taux de mortalité élevé. En Europe, il a été estimé que le taux de survie des femelles adultes était de 58 %, ces dernières étant soumises à une prédation importante en période de reproduction.

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE