La caille des blés est le plus petit et le seul migrateur des gallinacés d’Europe.
CLASSE : Aves
ORDRE : Galliformes
FAMILLE : Phasianidés
GENRE : Coturnix
ESPÈCE : Coturnix
DESCRIPTION DE LA CAILLE DES BLÉS
La caille des blés mesure de 16 à 20 cm. Son envergure est de 32 à 36 cm avec des ailes qui paraissent pointues en vol et qui lui donnent une allure particulière et qui lui donnent une allure particulière, différentes des autres gallinacés, avec en plus des coups d’ailes rapides.
Son poids varie de 80 à 135 g. L’évolution pondérale annuelle varie en fonction de la période. En reproduction, il va de 80 à un peu plus de 100 g alors qu’à la période du départ en migration d’automne, son poids peut atteindre plus de 130 g avec une réserve graisseuse très importante.
Son plumage est terne, brunâtre et rayé sur le dessus et crème sur le dessous, avec des stries blanchâtres sur les flancs. Les seules particularités se trouvent au niveau de la tête avec trois rayures jaunâtres qui couvrent le dessus de la tête. Il existe un dimorphisme sexuel au niveau du plumage. La femelle présente une poitrine beige ponctuée de taches noires. Elle est orangée, sans tache, pour le mâle. Par ailleurs, le mâle possède une gorge plus ou moins noire. Cet endroit est blanc sale chez la femelle, mais les jeunes mâles ne possèdent pas encore le centre de la gorge noire et pourraient être confondus. La queue est extrêmement courte, ce qui accentue l’impression de silhouette massive.
C’est un oiseau difficile à observer. On l’entend plus souvent qu’on ne le voit. Sa présence est ainsi trahie par le chant du mâle au printemps et en été. C’est essentiellement au crépuscule et à l’aube que l’on peut entendre le chant rythmé et répété de l’espèce.
RÉGIME ALIMENTAIRE
La caille des blés possède un régime alimentaire à la fois végétal et animal. Les besoins en eau sont très faibles, la rosée et les insectes ingérés lui fournissant l’eau nécessaire. L’alimentation animale, riche en protéines, est surtout importante en période de reproduction. La partie végétale se compose principalement de graines de plantes adventices sauvages et de céréales. La part de graines devient plus importante dans le régime alimentaire en fin d’été et à l’automne. Les prises de nourritures sont réalisées plutôt en soirée.
REPRODUCTION
La reproduction de l’espèce est particulière. Plusieurs types d’union sont signalés, allant de la monogamie à la polygamie. Ce serait lié à la densité d’oiseaux et au sex-ratio local. La caille des blés a tendance à former des colonies lâches en période de reproduction.
Les liens entre les deux partenaires ne durent que jusqu’à la ponte. L’existence des pontes de remplacements est certaine et fréquente. Cela pourrait même se reproduire jusqu’à deux fois alors que la seconde ponte systématique n’a jamais été prouvée.
La caille des blés niche dans la végétation herbacée des céréales et des cultures fourragères. Le nid, assez sommaire, est à même le sol. La femelle y dépose 6 à 18 œufs (10 en moyenne). L’incubation de 17 jours est assurée par la femelle seule. Les jeunes sont nidifuges, et sont accompagnés par la femelle. Ils se nourrissent seuls.
À 11 jours, ils sont volants, et à 5/6 semaines, ils deviennent indépendants et se dispersent rapidement.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
La caille des blés a une très large répartition géographique. Elle occupe l’essentiel de la zone paléarctique
Les oiseaux qui se reproduisent en France appartiennent à la métapopulation occidentale qui réalise son cycle annuel entre le Sénégal et l’Europe de l’Ouest via le Maroc. La zone principale d’hivernage se situe en Afrique du Nord, du Maroc à l’Égypte, ainsi qu’au Sud du Sahara du Sénégal au Soudan. Une zone d’hivernage moins importante, mais régulière, se situe sur le pourtour méditerranéen. Nous verrons plus loin dans l’article que les cas d’hivernage sont de plus en plus nombreux au nord de ces zones habituelles.
En France, hormis les massifs forestiers, l’espèce est présente en période de reproduction sur l’ensemble du territoire national. En Vendée, la présence et l’abondance de l’espèce sont à mettre en lien avec ses milieux de prédilection. La caille est donc plus abondante dans le Sud-Vendée (Marais poitevin et plaine calcaire). Elle est également présente dans le bocage vendéen là où les milieux sont les plus ouverts et où les surfaces de céréales sont les plus importantes. Nos suivis de terrain montrent que sur certains plateaux cultivés du bocage, les nicheurs peuvent être localement plus abondants que dans le Sud-Vendée en plaine céréalière. Le Nord-Ouest du département semble moins fréquenté par l’espèce.
ÉCOLOGIE ET HABITAT
La Caille des blés est présente dans une large diversité d’habitats ouverts, dominés par les couverts herbacés allant des pâturages aux cultures intensives de céréales.
Elle privilégie donc particulièrement les systèmes agricoles céréaliers (blé, orge…) et les cultures fourragères (luzerne, trèfles, ray-grass…).
En Vendée, le détail des observations obtenues dans le cadre des suivis permet de dégager la nature des cultures les plus fréquentées. Sans surprise, les céréales d’hiver sont les plus utilisées, ces dernières années les blés bio associés aux fèverolles ou au pois sont très prisés. Nous la trouvons régulièrement dans les luzernes, la lentille, les jachères lorsqu’elles sont présentes. Dans le bocage, les ray-grass en été après la deuxième coupe sont très prisés avant qu’ils soient mis en pâture par les bovins. Lorsque les cultures (ou couverts) d’été sont présentes, des cailles sont systématiquement présentes (hors maïs et tournesol).
La Caille des blés arrive en France par vagues successives. Les premiers nicheurs arrivent entre la mi-mars et la mi-avril selon les régions.
La manifestation des premiers nicheurs devient de plus en plus difficile à différencier des oiseaux qui restent hiverner. En effet, si des cas d’hivernage sont signalés depuis longtemps en France et ont fait l’objet de publication scientifique (MUR Patrick, 2009), ils restaient globalement rares. Or, depuis une bonne dizaine d’années, les témoignages vendéens d’agriculteurs et de chasseurs ayant observé des cailles durant les mois d’hiver deviennent très courants et communs. Ils ont même tendance à s’accentuer chaque hiver. On peut logiquement imaginer que ce phénomène est accentué par les hivers doux et successifs que nous connaissons actuellement.
L’implantation des couverts végétaux qui restent en place en période hivernale est un autre facteur qui favorise l’hivernage de l’espèce. D’ailleurs, la plupart des témoignages d’agriculteurs correspondent à la période hivernale où ils interviennent pour détruire leurs couverts. La plupart des informations recueillies auprès des chasseurs le sont également à partir de ces couverts hivernaux. Ces cas d’hivernage qui ne concernent pas que notre département mériteraient d’être étudiés en déterminant leurs répartitions spatiales et en les quantifiant. Dans l’état actuel de nos connaissances, le devenir des hivernants n’est pas connu : restent-ils nicher localement ? Si ce n’est pas le cas, où vont-ils se reproduire ?
De façon générale, l’arrivée des nicheurs est régulière tout au long des mois d’avril à juillet. La phénologie de ces mouvements en période de reproduction fait l’objet d’études spécifiques en France et en Vendée.
Dès la mi-juin (10 juin en 2022), des jeunes mâles arrivent dans nos régions pour se reproduire dès l’âge de trois mois. Ces jeunes sont nés la même année en Afrique du Nord. Certaines Cailles des blés femelles feraient une première ponte en Afrique du Nord et une seconde en Europe. Ces jeunes vont se reproduire dans nos régions s’ils trouvent des conditions favorables durant la période estivale. La pluviométrie estivale qui permet le développement de la végétation dans certaines parcelles (cultures fourragères, jachères, bandes enherbées, couverts d’été) serait un facteur favorable à la reproduction de l’espèce en été.
La France est donc concernée par plusieurs populations de cailles avec des oiseaux qui se déplacent peu sans pour autant être sédentaires, des moyens migrants qui réalisent deux phases de reproduction entrecoupées de périodes migratoires, et des longs migrants.
La migration postnuptiale commence dès la mi-août en se mêlant aux mouvements erratiques des nicheurs locaux, cette migration se poursuit jusqu’à fin octobre avec plusieurs facteurs qui favorisent le stationnement prolongé d’individus, qui pour certains restent hivernés.
ÉTAT SANITAIRE
L’évolution de l’habitat
L’extension des terres cultivées a agrandi l’aire de répartition des Cailles des blés en Europe. Cela a eu un effet positif pour l’espèce, tout comme la création de vastes périmètres irrigués au Maghreb qui a permis le développement de populations locales et même leur sédentarisation.
Cependant, ces aspects positifs sont largement dépassés par les aspects négatifs liés à la mécanisation et l’intensification de l’agriculture. L’emploi des herbicides et insecticides, la régression des terrains en jachères et en friche, la diminution globale des infrastructures agroécologiques, la fenaison et les travaux agricoles lorsqu’ils sont précoces et réalisés de manière répétitive sont autant de facteurs qui entraînent une diminution de nourriture, une perte d’habitat, la destruction des femelles au nid et des couvées. L’évolution de l’assolement a globalement été défavorable ces dernières décennies. Toutefois, à la faveur des diversifications récentes des cultures et au développement des couverts estivaux, des évolutions positives pourraient être observées. La prédation est favorisée par ces facteurs de dégradation de l’habitat.
Le climat
Les conditions climatiques et en particulier les sécheresses agissent sur l’abondance des cailles. La sécheresse est un facteur défavorable en période de reproduction. C’est également le cas sur les quartiers d’hivernage en Afrique subsaharienne.
Pollution génétique
Les lâchers et la chasse de spécimens de caille japonaise ou de spécimens hybrides sont aujourd’hui interdits. Ils ont existé par le passé pour le dressage des chiens d’arrêt ou comme oiseaux de tir. Des hybrides fertiles ont été observés en nature ce qui peut entrainer une grave pollution génétique et une menace réelle pour la Caille des blés.
ÉVOLUTION, TENDANCES ET STATUT DE CONSERVATION
Les populations de Caille des blés ont la particularité d’avoir une forte variabilité interannuelle des effectifs. L’espèce est très productive mais sa longévité est courte. Le renouvellement des populations repose sur la survie oiseaux de première année en fonction de plusieurs facteurs : changement opportuniste de parcours migratoire, mortalité hivernale, conditions climatiques et pluviométrie qui impacte indirectement la végétation et les dates de récolte des cultures céréalières.
Les particularités liées à la forte mobilité de l’espèce rendent difficile l’estimation fiable des densités de population et de leur dynamique. Compte tenu de l’originalité du comportement et du cycle de reproduction, les effectifs reproducteurs sont exprimés en nombre de mâles chanteurs et non en couples. Les dernières estimations disponibles font état d’effectifs nicheurs compris entre 1 300 000 et 3 000 000 mâles sans l’Union européenne et 3 320 000 à 6 700 000 mâles à l’échelle de l’Europe géographique (BIRDLIFE International, 2015). En France, selon le dernier atlas des oiseaux nicheurs, l’effectif reproducteur est estimé à 100 000 – 300 000 mâles sur la période 2000-2012 (BARNAGAUD et al., 2015).
En France, le suivi des populations nicheuses est réalisé à partir de point d’écoute dans le cadre des programmes du réseau « Oiseaux de passage » OFB/FNC/FDC et STOC-EPS du Muséum National d’Histoire Naturelle. La tendance pour la période 2001-2019 indique une baisse de -39 % pour le STOC-EPS, de -46 % pour la période 1996 -2019 et –30 % pour la période 2010-2019 pour le réseau « Oiseaux de passage ».