La population de corbeau freux est estimée stable.
ORDRE : Passériforme
FAMILLE : Corvidae
GENRE : Corvus
ESPÈCE : Corvus frugilegus
DESCRIPTION DU CORBEAU FREUX
D’environ 50 cm pour une envergure de 90 cm, le corbeau freux est globalement de couleur noire, avec des reflets bleus irisés. Aucun dimorphisme sexuel n’est observé chez cette espèce. Les jeunes corbeaux freux, dans leur première année, sont distinguables des adultes, ces derniers étant dépourvus de plumes (vibrisses) à la base du bec (culmen). Les jeunes corbeaux freux peuvent facilement être confondus avec les corneilles noires, car dans les deux cas des vibrisses recouvrent le culmen.
Globalement, le corbeau freux a une silhouette effilée grâce à ses ailes et ses rectrices (plumes de la queue) plus longues. Sa tête présente une bosse. Enfin, le corbeau freux a un bec fin et long. Lorsqu’il prospecte les champs à la recherche de nourriture, le corbeau freux a une allure dégingandée.
RÉGIME ALIMENTAIRE
Le corbeau freux à un régime omnivore. C’est un prédateur nécrophage. La part de prédation de cette espèce s’exerce majoritairement sur des insectes (staphylins, coléoptères…), des invertébrés (lombrics, larves de tipule…) voire des amphibiens. Même si le corbeau freux est susceptible de consommer des œufs ou oisillons, cela reste une faible part de son régime alimentaire.
Les corbeaux freux sont friands de fruits et de graines. Les fruits secs comme les noix sont particulièrement convoités. Ils se nourrissent également de diverses graines glanées dans les champs. Il peut s’agir de blé ou de maïs. Le corbeau freux est particulièrement friand des graines en cours de germination. Cette espèce est souvent à l’origine de dégâts commis sur les semis de maïs au printemps.
REPRODUCTION
Le corbeau freux est arboricole et monogame. Il ne produit qu’une seule couvée par saison. Les colonies où nichent les corbeaux freux sont nommées « corbeautières ». Situées le plus souvent dans des peupleraies, des grandes futaies, voire dans des parcs urbains, elles comptent plusieurs dizaines de nicheurs qui sont généralement fidèles au site de nidification pendant plusieurs années, voire plusieurs décennies. Un même nid peut-être rechargé en brindilles afin de servir plusieurs années consécutives. Il n’est pas rare que ces colonies soient multispécifiques, avec la présence de hérons cendrés, aigrettes, hérons garde-bœufs ou grands cormorans.
Chez les corbeaux freux, chaque couple pond 2 à 7 œufs entre la mi-mars et la mi-avril pour une incubation d’environ 17 jours. C’est la femelle qui couve les œufs. Au cours de cette période, le mâle alimente la femelle, transportant la nourriture dans sa poche jugulaire. Les jeunes sont aptes à l’envol cinq semaines après leur naissance. La maturité sexuelle des oiseaux est atteinte lorsqu’ils ont deux ans. On estime approximativement 2 à 3 jeunes à l’envol par nids (Géroudet, 1980). Même après l’envol, les jeunes freux restent avec leurs parents afin de parfaire leur éducation.
Les éléments constituant le nid sont apportés par le mâle, mais c’est la femelle qui arrange l’intérieur. L’extérieur du nid est constitué de brindilles ou petites branches, l’intérieur étant plus douillet avec divers éléments (crin, ficelle, tissus…). Cette construction dure environ trois semaines.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DU CORBEAU FREUX
Son aire de reproduction s’étend depuis le sud de la Suède, le sud de la Norvège et l’ouest de la Finlande, sur les Iles Britanniques, en France et dans le nord de l’Espagne, vers l’est en Europe en passant par le nord des Alpes, et dans l’ouest de la Sibérie jusqu’en Asie Mineure, en Arménie, en Azerbaïdjan et dans le nord-ouest de l’Iran. Il est très local aussi bien au nord qu’au sud en climat méditerranéen. Les oiseaux du nord de l’aire sont migrateurs et viennent passer l’hiver dans le sud de l’Europe, en Asie centrale jusqu’au nord du Golfe persique et en Chine. En France, les populations nicheuses sont considérées comme sédentaires ; elles sont rejointes en automne et en hiver par les populations plus nordiques.
ÉCOLOGIE ET HABITAT
Le corbeau freux est une espèce très commune. Sa méfiance vis-à-vis de l’homme l’invite à affectionner particulièrement les milieux ouverts. Le corbeau freux se trouve essentiellement en plaine, ou dans des bocages très ouverts. Que l’agriculture soit intensive ou extensive, cette espèce sait s’y adapter. L’ouverture des milieux provoquée par l’arrachage des haies a été bénéfique pour elle.
Les plaines agricoles parsemées d’éléments fixes du paysage (haies, bosquets) constituent un habitat privilégié. Ce type de milieux recélant des zones d’alimentation, de reposoir tout en étant visuellement dégagée.
En revanche, le corbeau freux est bien moins commun en milieu purement forestier et à haute altitude.
Cette espèce est très observatrice et particulièrement intelligente.
Le corbeau freux a une longévité d’une vingtaine d’années. Durant ce temps, leurs couples restent unis. Ce comportement indique un lien fort entre les deux partenaires.
Le corbeau freux est un oiseau grégaire tout au long de l’année.
Au cours de l’hiver, le corbeau freux a tendance à se regrouper en dortoir la nuit. Ces dortoirs mixtes sont principalement composés de corbeaux freux et de choucas des tours et peuvent regrouper plusieurs centaines, voire milliers d’individus. Lorsque les corneilles s’y associent, elles se mettent en groupe, légèrement à l’écart des autres espèces. Ces dortoirs confèrent sécurité et quiétude aux individus les constituant. Une fois le lever dur jour, les oiseaux quittent le dortoir vers les zones de gagnage.
Les journées d’hiver sont composées de moments destinés à l’alimentation et au repos. Les corbeaux freux restent toujours en groupe (jeunes et adultes confondus) quelle que soit leur activité. Au sein d’un groupe de corbeau freux, que les oiseaux se reposent, dorment ou s’alimentent, on distingue aisément les couples formés.
Au cours de la période printanière, le corbeau freux niche en colonie de quelques dizaines, voire centaines de couples. Ces corbeautières sont très bruyantes, chaque couple défendant une petite portion de territoire jouxtant le nid. Une même tête d’arbre peut accueillir plusieurs dizaines de nids. Les cris internes au couple, ceux de défense du nid et ceux des juvéniles se mélangent en une cacophonie de croassements. En milieu urbain, les habitants se plaignent fréquemment de ces nuisances sonores.
Le comportement social avéré induit des fréquences de chants et de cris différentes. Le chant du corbeau freux se traduit plutôt par un « raaarrh » avec des tonalités nasillardes et rauques. En vol, ce cri est un peu plus court et témoigne d’un besoin de contact entre individus. Au sein des dortoirs, diurnes ou nocturnes, des petits cris traduisent le comportement des individus et ainsi leur place dans le groupe.